Alphonse Mucha au musée du Luxembourg
Alphonse Mucha au musée du Luxembourg
Alphonse Mucha au musée du Luxembourg
Alphonse Mucha au musée du Luxembourg
Alphonse Mucha au musée du Luxembourg
Alphonse Mucha au musée du Luxembourg
Alphonse Mucha au musée du Luxembourg
Alphonse Mucha au musée du Luxembourg

Le Musée du Luxembourg présente une exposition des œuvres d’Alphonse Mucha, du 12 septembre 2018 au 27 janvier 2019, conçue par la RMN – Grand Palais avec la fondation Mucha de Prague.

 

Alphonse Mucha est certainement l’un des artistes Art Nouveau les plus populaires, ses affiches et ses panneaux décoratifs particulièrement ont fait sa réputation jusqu’à aujourd’hui. Pourtant l’exposition va plus loin et nous révèle les multiples facettes d’un personnage et d’une époque complexe.

Né en 1860 en Moravie, région qui faisait alors partie de l’Empire d’Autriche et qui se trouve aujourd’hui en République Tchèque, Mucha s’installe à Paris en 1887. Il étudie dans différentes académies et ce sont l’enseignement de Jules-Joseph Lefebvre et Jean-Paul Laurens qui vont être à l’origine de son style si particulier, mélange de femmes allégoriques et de décors floraux. Il réalise à la même époque des illustrations pour payer ses études.
C’est la grande époque des affiches, les procédés techniques ont évolué et Paris se couvre d’affiches multicolores. Mucha va alors devenir une véritable célébrité en réalisant, un peu par hasard, l’affiche de Gismonda, pièce jouée par la grande Sarah Bernhardt.

Mucha devient à la mode et il est contacté par le tout Paris pour une multitude de projets : illustrations de livres, boîtes à gâteaux, bijoux, décoration de boutiques, de restaurants…
L’exposition nous montre notamment de nombreux dessins préparatoires, de recherches pour toutes ses commandes ou l’on sent Mucha s’amuser beaucoup à développer son style dans ces différents contextes. Il y a une aisance, une faconde étonnante à voir les créations de cette époque, une certaine facilité également car on sent le système poindre.

En 1894, avec la rencontre de August Strindberg, Mucha va se passionner pour l’occultisme et la théosophie. Cet intérêt pour les questions philosophiques, qui naissent autour de ces sujets, vont l’amener à devenir membre du Grand Orient de France. Il va désormais souhaiter contribuer par son art à servir le progrès de l’humanité dans une quête de vérité universelle.

Pour autant Mucha n’oublie pas ses origines slaves, les questions politiques et identitaires le taraudent. L’exposition universelle de 1900 à Paris lui donne l’occasion de s’exprimer sur ces questions en décorant notamment le pavillon de Bosnie-Herzégovine, région slave annexée à l’Autriche-Hongrie depuis 1878 et qui représente un enjeu politique important pour l’Empire austro-hongrois

De cette expérience lui vient l’idée de peindre une série de tableaux, une épopée qui raconterait les peuples slaves : leurs joies, leurs peines et surtout ce qui les unit contre l’oppression. Après plusieurs voyages aux États-Unis il recueille les fonds pour sa réalisation. Une salle de l’exposition propose une projection commentée de L’épopée slave, gigantesque projet composé de vingt tableaux de plusieurs mètres chacun et composés de 10 scènes auquel il travailla pendants des années notamment avec un travail préparatoire fait de voyages, de rencontres et de lectures. On ne peut s’empêcher de penser qu’aujourd’hui Mucha aurait voulu en faire un film…

Le grand intérêt de l’exposition au musée du Luxembourg est bien sûr de présenter ses œuvres iconiques, comme les affiches pour les pièces de Sarah Bernhardt qui ont lancées sa carrière, mais également de nombreux dessins, des projets d’aménagement d’intérieurs, des peintures, des bijoux que l’artiste tchèque réalisa.On y découvre un artiste complexe, un homme de son époque qui s’interroge sur son identité, sur la place de l’art dans la société, sur le rôle spirituel de l’artiste. En partant des affiches irrésistibles de ses débuts, le parcours au sein de l’exposition nous fait découvrir un arrière plan politique et historique lui aussi très complexe et mouvant, où Mucha va se retrouver plongé, tentant d’y faire entendre sa voix et d’infléchir le cours des événements.

La scénographie, comme souvent au musée du Luxembourg, est de grande qualité, immersive et mettant en valeur les œuvres. A noter également, le catalogue de l’exposition qui est un très bel objet qu’on aura plaisir à offrir.

Le site du musée du Luxembourg